Si je vous pose la question suivante : "Qu'évoquent pour vous les noms de Trey Parker et Matt Stone ?", vous me répondrez probablement que cela ne signifie rien du tout. Mais, maintenant, si je vous dis Cartman, Stan, Kyle et Kenny, vous me répondrez certainement tous en coeur : "South Park, bien sûr". Et vous aurez entièrement raison car ces petits personnages en papier découpé font aujourd'hui partie intégrante de la culture télévisuelle des années '90 au même titre que Bart, Homer et les autres "membres" de la famille Simpson.
Depuis son lancement, en septembre 1997, sur la chaîne câblée de télévision américaine Comedy Central, cette série d'animation irrévérencieuse et déjà culte rencontre un succès colossal qui a donné lieu à un merchandising d'une importance identique. On trouve ainsi l'attirail habituel : posters, tee shirts, tasses, porte-clefs et autres CD-ROM et bande musicale originale. Tout cela étant, bien entendu, dans l'esprit de la série. Pourtant, cette dernière a failli ne jamais voir le jour. Tout a commencé fin 1995, lorsque ses deux créateurs, les trentenaires Trey Parker et Matt Stone, ont eu l'idée pour le moins originale d'envoyer, sur demande d'un des responsables de la Fox, des cassettes vidéos contenant des messages de Noël tout à fait particuliers. A vrai dire, complètement déjantés. Rapidement, ces messages délirants parviennent dans le magnétoscope de toutes les personnes qui comptent dans l'industrie de la télévision américaine. La légende raconte d'ailleurs que George Clooney lui-même en fera plus de sept cents copies. Et alors qu'ils étaient inconnus la veille, on leur demande de mettre en chantier quelque chose d'original, de jamais vu auparavant. "South Park" était née.
L'action de la série prend place dans la petite bourgade de South Park, perdue dans le fin fond du Colorado, région des Etats-Unis dans laquelle il neige pratiquement dix moins par an. C'est ici que quatre garnements âgés d'une dizaine d'années, Stan, Kyle, Cartman et Kenny, vivent toutes leurs aventures. La population de la ville est composée d'une invraisemblable quantité de détraqués en tous genres: le professeur d'école schizophrène qui parle par le biais d'une marionnette, le policier analphabète, la mairesse de la ville dont le seul souci est d'être célèbre, Jésus, fils de qui vous savez, et encore bien d'autres. Sans oublier l'inévitable Chef et ses chansons d'amour langoureuses et lubriques.
Chaque épisode suit, en général, un schéma narratif bien précis. Cartman, le petit garçon à la colonne vertébrale déviante -c'est lui-même qui le dit-, et ses amis attendent le bus scolaire en discutant de tout et de rien. Survient alors l'élément qui va bouleverser le déroulement de l'histoire et entraîner les situations les plus inattendues. Lors de la résolution du problème auquel ils sont confrontés (Barbra Streisand transformée en monstre géant, une invasion de dindes tueuses,...), deux événements se reproduisent quasi invariablement: la mort de l'encapuchonné Kenny dont on ne comprend jamais aucun mot et la morale toujours décalée de l'histoire sur des thèmes très traditionnels (l'amour, l'amitié, la famille,...) Ces deux passages obligés sont source pour les auteurs de renouvellement constant, de parodies et de clins d'oeil.
"South Park", par bien des aspects, s'apparente à une cousine éloignée des Simpson, qui, en son temps, avait déjà repoussé un certain nombre de limites. Elle va même beaucoup plus loin puisqu'elle ne connaît absolument aucun tabou. Tous les sujets sont ainsi abordés de front et avec humour: le sexe, l'homosexualité, la charité, la mort, etc. La série se moque également de tout le reste : des femmes, des Juifs, des malades,... Le traitement au niveau de la réalisation et des scénarii est radicalement original et décalé. Elle applique, avec une vitalité débordante et contagieuse, l'humour scatologique à la truelle et les blagues les plus scabreuses.
Malgré son graphisme enfantin et coloré - plus élaboré qu'il n'y paraît à première vue -, avec ses petits personnages prédécoupés et à l'allure sympathique, cette série décapante et novatrice n'est en aucun cas destinée aux enfants mais plutôt à leurs grands frères (ou soeurs) et à leurs parents. De plus, il convient d'ajouter que le monde de l'animation évolue sans cesse et permet, sous le couvert d'une fiction humoristique et provocatrice comme celle-ci, une critique destroy et sans concession d'une certaine Amérique puritaine. D'une certaine façon, "South Park" représente le futur des séries - qu'elles soient d'animation ou non.
Voila le mien que j'ai fait , Personne n'en fait pour les faire partagé ?